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Participer à un trail nocturne durant l’hiver est une idée qui me trottait dans la tête depuis plusieurs mois. J’apprécie en effet particulièrement durant cette période de l’année de pouvoir courir de nuit sur les sentiers et les singles dans les bois, frontale sur la tête, pour y affronter la pluie et le vent. N’y voyez aucune forme de masochisme chez le trailer que je suis mais plutôt la recherche de conditions plus hostiles qui, paradoxalement, permettent d’accéder à une certaine ivresse, voire une certaine spiritualité, durant la pratique. Seuls les initiés pourront comprendre… Après avoir hésité quelques temps à m’inscrire à la Sainté-Lyon, mon choix s’est finalement porté sur une course moins populaire et médiatisée, l’Origole. L’épreuve, qui se déroule dans les Yvelines, n’en est pas moins devenue en quelques années la référence des trails nocturnes en Île-de-France. Concernant le format de course, j’ai opté pour la version Maratrail (44 km et 1 600 d+), ce qui m’a paru plus sage pour une première expérience nocturne, le Grand trail (76 km et 2500 d+) étant sans doute encore un peu trop exigeant pour moi, compte tenu de la technicité et de l’exigence des parcours de l’épreuve. Bref, cette course faisait office de véritable test pour moi, voire d’examen de passage dans mon parcours de trailer !

Prendre ou ne pas prendre le départ ?

Il est des jours où il ne fait pas bon accrocher des dossards… Je me réveille en effet le matin de la course avec un mal de crâne ainsi que quelques petites nausées. Je me soigne mais je ne suis pas vraiment convaincu que prendre le départ soit une bonne idée, d’autant que la pluie continue de se déverser en abondance depuis des heures… Finalement, voyant que mon état s’améliore, je me décide à prendre la route vers 15h30, misant sur mes capacités de résilience. Arrivé largement en avance au gymnase du Perray-en-Yvelines, j’en profite pour me reposer et m’alimenter afin de préparer mon organisme à l’effort, mais les discussions avec les autres participants à propos des conditions météo et des difficultés du parcours ne sont pas faites pour me rassurer. L’ambiance chaleureuse et le brouhaha général qui règnent dans le gymnase à moins d’une heure du départ m’apportent un peu plus de chaleur et de sérénité même si je sais que, dans quelques instants, je serai loin de prendre le départ à 100% de ma condition physique et psychologique.

Le récit de ma course

Départ à 20h, sous une pluie battante et vent de face, le ton est donné. Conscient que les conditions météorologiques vont faire souffrir les corps, je pars donc prudemment même si je me rends rapidement compte que mes jambes ne vont pas me faire faux bond. Toutefois, arrivé sur les premiers singles, je m’aperçois que mes Salomon ne sont pas forcément adaptées à ces conditions ultras humides. Bref, je patine dans les (nombreuses) montées à plus de 20% et je m’offre de jolies glissades dans les descentes les plus pentues, d’autres s’offriront de jolies gamelles… Surtout ne pas se blesser, tel sera donc mon leitmotiv tout au long de la course, d’autant que je vais devoir gérer un autre aléa durant les premiers kms : mes lunettes deviennent régulièrement obstruées par la buée, ce qui m’oblige sans cesse à m’arrêter pour les essuyer… Ces petits imprévus ne me font pourtant pas sortir de ma course. Je gère jusqu’à mi-parcours, continue d’imprimer ma foulée et me recentre sans cesse sur la nutrition car je sais que mon organisme n’est pas au top depuis quelques semaines, et encore moins depuis quelques heures. Il va pourtant, à mon étonnement, répondre positivement avec la distance. Je vais même doubler pas mal de concurrents sur la deuxième partie de course, jusqu’au 35ème km, en profitant notamment des portions plates où je suis plus à l’aise.

L’ambiance sur le parcours a d’ailleurs radicalement changé depuis la mi-course : les coureurs, fatigués et de plus en plus concentrés sur leurs pas afin d’éviter les nombreux obstacles dissimulés sous la boue et les feuilles, ne se parlent plus. Le silence règne au milieu de la forêt. Le sillon de frontales, qui fend la nuit et laisse découvrir les reliefs qui se dressent devant nous, devient peu à peu notre seul horizon. Le sentiment est ambivalent : les conditions deviennent enivrantes, sous l’effet des faisceaux lumineux qui ouvrent la voie, mais usent également intensément l’organisme, par la grande concentration qu’elles exigent au fil des kilomètres. Les derniers kilomètres se feront d’ailleurs un peu plus au forceps pour moi, ayant un peu plus de mal à me nourrir et commençant à souffrir de la pluie qui a redoublé de vigueur sur la fin : le corps ne fait pas de miracles. Je vais même finir les deux derniers kilomètres avec un petit début d’hypothermie. Bref, la ligne d’arrivée était la bienvenue. Je finis 62ème, en 5h38, soulagé d’en avoir terminé et d’avoir survécu à cette nuit dantesque. La chaleur du gymnase me permet de progressivement reprendre mes esprits et de délivrer mes premières impressions à chaud : je suis satisfait de ma gestion de course, pour une première nocturne, ayant notamment réussi à courir tout le long. Les discussions avec les autres finishers, atteints eux aussi, me font même prendre conscience de l’épreuve que je viens de surmonter. Cela tient presque du miracle compte tenu de mon état à quelques heures du départ…

Mes impressions

L’Origole n’a pas failli à sa réputation, tant sur le plan de l’exigence de son parcours que de celui de l’organisation, la météo capricieuse ayant sans doute rendu cette édition 2018 encore plus épique que les précédentes. La convivialité et le courage des bénévoles, dont certains ont attendu des heures sous la pluie pour nous orienter et nous encourager au milieu des bois, constitue sans nul doute un des atouts de l’épreuve. J’ai particulièrement apprécié la convivialité qui régnait entre participants, avant le départ puis après course, qualité qui est sans doute inhérente aux courses nocturnes. L’Origole est un trail qui a ainsi fait le pari de devenir populaire tout en restant une épreuve à taille humaine, sans doute est-ce le compromis gagnant. Bref, on ne peut que la recommander !

Pour plus d’infos sur la course, cliquez ici.

2 commentaires sur « Compte-rendu de l’Origole 2018 – De la pluie, de la boue et des glissades ! »

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