Rate this post

Dimanche 29 juillet 2018, 11h 06, Salvagny, au 30ème km de course, le bénévole de la course m’indique, assez froidement, que je ne pourrai pas repartir car j’ai dépassé les délais impartis pour 6 petites minutes… D’abord interloqué, je réalise ensuite assez rapidement que l’aventure s’arrête là pour moi et que je ne repartirai pas sur les sentiers, comme une quarantaine d’autres coureurs présents. Nombre d’entre eux, déjà bien entamés physiquement, semblent avoir déjà digéré la nouvelle avec un certain soulagement, pas moi. L’heure et demi à attendre la navette nous ramenant à Passy sera celle des questions et des doutes… Plusieurs jours auront ainsi été nécessaires pour digérer mon échec et en tirer des enseignements. Bref, comprendre pour ne plus reproduire les mêmes erreurs.

Le trail du tour des Fiz, version huit refuges (60 km et 5 000 m d+), constituait sans nul doute un de mes grands objectifs de l’année. Se déroulant, comme son nom l’indique, dans le massif de la chaîne des Fiz, près du massif du Mont Blanc, cette course était pour moi l’occasion de me confronter pour la première fois à une course en montagne. Désormais rodé aux trails en plaine, assez roulants et proposant des parcours en up and down, j’avais décidé cette année de me tester à la montagne et aux importants dénivelés en compétition. Le choix de m’inscrire au trail du tour des Fiz m’a par ailleurs paru tout à fait naturel : habitué à réaliser des randonnées avec Pauline dans le coin, notamment dans ce massif, j’avais été particulièrement séduit par ses paysages et avais eu vent de la bonne réputation de ce trail qui reste relativement confidentiel par rapport aux autres courses de la région.

Le départ

Le récit de la course

Après de longs mois de préparation, je prends le départ de la course, en compagnie de centaines d’autre coureurs, à Plaine-Joux, à 5 heures du matin, frontale sur la tête et avec une grosse envie d’en découdre. Peu habitué à courir de nuit en montagne, je pars prudemment, dans la seconde partie du peloton. Mes craintes ressurgissent assez rapidement dans les premières descentes techniques où mon pas n’est pas très assuré et ou je suis obligé de marcher par intervalles, quand les autres concurrents dévalent la pente. Je profite des portions de plat et des montées pour doubler des concurrents et retrouver de l’allant. Aux premières lueurs du soleil, à l’aune d’entamer la montée vers Varan, le soulagement d‘avoir survécu à la fin de nuit prédomine, mais les descentes techniques et dans l’obscurité m’ont déjà entamé psychologiquement. Heureusement, l’ascension jusqu’au refuge de Varan (700 d+), dans laquelle je vais doubler un certains nombre de concurrents, va permettre de me refaire. Je passe ensuite la descente sans trop d’encombres, en prenant même du plaisir dans les portions roulantes, mais je reste sur la réserve car je sais qu’on gros morceau m’attend : la montée du désert de Platé.

La montée du désert de Platé

J’improvise une petite pause avant de l’entamer car l’ascension est autant technique qu’exigeante… Je vais pourtant réussir à gravir les 1 000 mètres d’ascension avec aisance, en doublant une bonne vingtaine de concurrents, malgré la gêne occasionnée par le passage les premiers concurrents du 30 km… Après une pause ravitaillement express aux chalets de Platé, je franchis le col de Portelette à 2300 mètres d’altitude, soulagé. J’ai le sentiment que le plus dur est fait, pourtant il n’en est rien… J’entame la descente prudemment, presque l’air léger, car à ce moment là il n’est nul question de barrière horaire qui ne m’a même pas effleuré l’esprit. La question va pourtant s’immiscer progressivement dans mon esprit au fil de descente, longue de 12  km, en direction de Salvagny. J’éprouve de nouveau des difficultés à enchaîner dans les parties techniques, je lutte contre les pierriers et contre mes cuisses qui commencent à être quelque peu douloureuses… Bref je subis la descente, notamment ses passages techniques et accidentés, même si pour moi il n’y pas encore péril en la demeure : ayant regardé le profil de la course quelques jours avant, je suis persuadé que la première barrière horaire est située au 2/3 de la descente. Bref je suis largement dans les temps. Je prends même le temps de souffler et de me reposer assez longuement (15 mn) au ravitaillement du refuge de Sales. J’entends même une bénévole ainsi qu’un autre concurrent affirmer que la BH est en réalité établie à 11h30 au lieu de 11h…

Le ravitaillement du refuge de Platé

J’entame donc la seconde partie de la descente avec une certaine sérénité, même si les difficultés vont à nouveau rapidement resurgir pour moi à mesure que les roches et les racines vont venir recouvrir les sentiers. Je prends finalement le coup de massue au moment de la bifurcation avec le 30 km : le bénévole nous indique que la BH est finalement appliquée à 11h, tout en bas de la vallée à Salvagny… Une course contre la montre impossible s’engage alors pour moi, il me reste environ 3 km à parcourir en moins de 30 mn. J’accélère, pour ne pas avoir de regrets, mais sans réelle conviction. La crainte de tomber et de me blesser, à quelques jours du Trek dans les Aiguilles Rouges prévu avec Pauline, prendra finalement le dessus. Je rends donc les armes, contraint et forcé, usé psychologiquement, mais pas encore totalement entamé physiquement. Bref de quoi avoir des regrets…

Le col de la Portette

Des enseignements à tirer

Une fois ce récit rédigé et la course digérée, plusieurs enseignements sont à tirer de cette première expérience :

1/ Le choix de la course (60 km et 5000 m d+), particulièrement exigeante et technique pour un premier trail de montagne, constitue sans doute une première erreur. D’autant qu’après coup, et en discutant avec les autres concurrents, les barrières horaires étaient très (trop ?) exigeantes (6h pour faire les 30 premiers km et 10 h pour les 30 autres).  Bref, j’ai sans doute eu les yeux plus gros que le ventre et aurais du préférer m’aligner sur le 30 km qui m’a paru beaucoup plus accessible ;

2/ En trail, le plus dur ce ne sont pas les montées mais les descentes ! je le savais déjà mais cette course est venue le confirmer… Si j’étais à l’aise dans les montées, mes cuisses ont trop souffert dans les descentes. Qui plus est, peu habitué à courir dans des terrains techniques, j’ai parfois complètement subi les descentes, par appréhension et manque de technique spécifique… Bref, il va falloir intégrer beaucoup plus de séances de côtes dans mes entrainements 

3/ Mieux se renseigner sur le parcours et les barrières horaires : peu habitué à considérer les barrières horaires dans le cadre des trails que je réalise en Île-de- France, j’ai fait preuve d’une certaine négligence sur ce point, ce qui m’a conduit à très mal gérer ma course, notamment après le désert de Platé ;

Vue sur le Mont Blanc

En conclusion, tous ces enseignements me serviront à l’avenir car je compte bien me confronter une nouvelle fois à un trail en montagne et prendre ma revanche. Bref, apprendre de ses erreurs et ne pas rester sur un échec !

Pour retrouver toutes les infos sur la course, ça se passe ici!

Un commentaire sur « Le trail du tour des Fiz 2018 : les enseignements à tirer d’un premier trail en montagne »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *